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Pourquoi le "Dry January" peine à s'imposer en France

Publié le : 13/01/2020 15:22:31

À la manière du Mois Sans Tabac, cette initiative appelée Dry January (ou “Janvier sec”) vise à encourager la population à lever le pied sur sa consommation d’alcool, notamment après les excès des fêtes de fin d’année.

Alors que l’opération “Dry January” bat des records de popularité outre-Manche, elle peine à recevoir l’indéfectible soutien des autorités sanitaires françaises. Il faut probablement y voir le poids d’un patrimoine gastronomique… qu’il conviendrait pourtant, au vu de la situation, de concilier avec des mesures de prévention.

Chaque année depuis 2013, l’association britannique Alcohol Change UK incite la population à ne pas boire d’alcool durant le mois de janvier. À la manière du Mois Sans Tabac, cette initiative appelée Dry January (ou “Janvier sec”) vise à encourager la population à lever le pied sur sa consommation d’alcool, notamment après les excès des fêtes de fin d’année.

Un “Janvier Sec” tombé à l’eau

Alors que les associations d’addictologues appelaient de leurs vœux une importation officielle du concept en France pour janvier 2020, le projet, déjà bien amorcé sous l’égide de l’agence nationale Santé publique France, a finalement été ajourné par le gouvernement fin 2019. Origine de ce coup de théâtre: l’œuvre du très influent lobby viticole. Mais les associations n’ont pas dit leur dernier mot, puisqu’une trentaine d’entre elles se sont unies pour animer une campagne jusqu’au 31 janvier prochain.

D’un côté, les détracteurs d’un Mois Sans Alcool rappellent la valeur culturelle du vin, au cœur de notre patrimoine gastronomique français. Inscrit en 2010 comme patrimoine immatériel de l’Humanité à l’Unesco, le vin a d’ailleurs été reconnu comme patrimoine de la culture française par le Sénat en 2017. Dans l’imaginaire collectif, il est aussi le garant d’un certain savoir-vivre à la française. “Le vin, c’est l’âme française”, déclarait à son égard le candidat Emmanuel Macron, alors en campagne, en février 2017.

La filière viticole dénonce alors toute idée d’une campagne visant à faire culpabiliser les buveurs d’alcool. L’interdiction de l’alcool ne mènerait-elle pas vers des dérives hygiénistes? L’argument a d’ailleurs fait mouche auprès du Chef de l’État, qui a déclaré, fin novembre 2019, ne pas vouloir “interdire la consommation d’alcool de façon formelle”.

De l’autre côté, les partisans d’un “Dry January” à la française, associations d’addictologues en tête, plaident pour une meilleure prévention et une information renforcée sur les risques liés à l’alcool. Rappelons tout de même que la consommation d’alcool en France, constituée pour les deux tiers de vin, est l’une des plus importantes au monde. Les médecins addictologues constatent chaque jour dans leurs cabinets les effets dévastateurs de cette consommation. Et avec 41.000 décès par an en France attribuables à l’alcool, les messages de prévention santé semblent encore devoir être renforcés et/ou clarifiés.

Et si la France mettait de l’eau dans son vin ?

Les initiatives de type « Mois Sans Alcool » ont déjà fait leurs preuves chez nos voisins européens. Au Royaume-Uni, bien sûr, avec le “Dry January” mais aussi en Belgique où la “Tournée Minérale” (portée par la Fondation contre le Cancer) fait de plus en plus d’adeptes au mois de février, ou encore en Finlande, dont la première campagne “Tipaton Tammikuu” a été lancée dès 2004. Ces opérations ont un réel impact sur la réduction de la consommation d’alcool à moyen terme. D’après des travaux de recherche de l’Université de Sussex publiés en janvier 2019, les participants à l’édition 2018 du “Dry January” consomment de l’alcool 3 jours par semaine en moyenne contre 4 auparavant. De même, ils boivent en moyenne un verre de moins à chaque occasion et les épisodes d’ivresse sont passés de 3 à 2 par mois.

Alors pourquoi ne pas soutenir publiquement ce type d’initiative en France? Il est vrai que le vin fait partie de notre histoire et de notre culture, nul ne saurait le nier… Cette tradition séculaire ne peut pour autant occulter les véritables dérives, que sa consommation exagérée, ou trop régulière, engendre.

La position du gouvernement se situe sur une ligne de crête, donc, mais l’enjeu nécessite que l’on s’attelle à la résolution de cette équation. Reste à élaborer le message… À l’interdiction et l’abstinence, doivent sans aucun doute se substituer prévention et modération!

Dans ce débat, nuance est mère de toutes les vertus… et la promesse d’un dialogue possible entre professionnels de santé et amoureux du patrimoine gastronomique français.

 

Source : www.huffingtonpost.fr